♣ Chapitre Premier.

♣ C H A P I T R E – P R E M I E R ♣
.N'OUBLIES PAS QUI TU ES.
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Contempler. Contempler son reflet dans une vulgaire flaque d'eau de pluie dans un creux de terre desséché avant que le ciel ne le liquéfie. Neuf mois. Neuf mois, et déjà si curieuse de découvrir enfin qui elle était. Quelle serait sa voie. Quel tournure prendrai son destin. Elle voulait en savoir tellement plus sur son futur. Et pourtant, elle en savait si peu. Elle ressentait comme une boule au fond de son estomac. Comme des picotements d'impatience dans son poitrail. Il lui manquait quelque chose. Quelque chose d'important. Quelque chose d'essentiel à sa vie qui n'avait pour le moment aucun sens. A quoi je sers ? Songea t elle enfin. Était ce si douloureux de se sentir perdue ? De n'avoir strictement aucune idée de ce que l'on fait là ? Elle dévisagea sa mine désespérée dans ce miroir liquide, plongea son regard dans ses propres yeux d'un bleu perçant, et secoua la tête. Elle n'était qu'un amas de poussière flottant au vent en direction d'un endroit inconnu. Le genre de ramassis dont on ne connait jamais la trajectoire. Ah, le futur paraissait si sombre quand on le percevait sous ce point de vue. Elle avait peur, peut - être. Peur de s'égarer dans ce monde si large. Mais qui, au fond, avait quelque chose de merveilleux, de magique, d'unique et de sensé.

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Moska se releva enfin sur ses membres flageolants puis commença à fouler la neige de ses pattes à vive allure. Elle avait besoin de changer d'air, et cela malgré son amour pour le climat glacial du Territoire du Nord. Les yeux clos, elle redoubla de vitesse. S'enfuir. Voilà la solution. Partir à la recherche de ce que l'on est et de ce que l'on vaut. La jeune louve rouvrit les yeux. Elle pleurait. Non pas parce que ses sentiments avaient pris le dessus, mais parce que le vent fouettait violemment son visage. Malgré tout elle aimait ce sentiment de liberté. Au fur et à mesure qu'elle avançait, la neige disparaissait peu à peu pour laisser place à de la boue, puis de la terre, et enfin à de l'herbe. A bout de souffle, Moska ralentit pour se mettre à trottiner. Le Marécages aux Grenouilles. Voilà donc où l'avait conduite sa course sans fin. Cette endroit boueux. Moska sentit alors le contact désagréable de ses pattes avec la terre humide et boueuse. Mais elle n'en avait rien à faire. Car elle n'avait pas que son confort en tête. Ou du moins, pas pour le moment. Elle était tout simplement allé là où son instinct lui avait ordonné de se rendre.

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La jeune louve se laissa lourdement tombé sur le sol, ses pattes ne pouvant plus retenir le poids de son corps. Elle n'avait probablement jamais autant courut. A présent couverte de boue, des pattes jusqu'à son flanc gauche, Moska haletait, épuisée, et essoufflée. Mais un brouhaha incessant s'installa petit à petit autour d'elle, lui faisant redresser les oreilles. Elle leva brusquement la tête, puis regarda à droite et à gauche. Rien. Ni personne. Pourtant elle entendait des voix. Des voix inconnues. Était - elle folle ? Commençait - elle à perdre la tête ? Moska grimaça alors que le bruit insupportable de cette assemblée invisible redoublait de volume. Elle crut rêver lorsqu'une silhouette aux allures fantomatique se présenta devant elle. Si elle n'avait encore perdu la vue, c'était une louve. Mais pas comme les autres. Non, elle, était contournée d'une lumière blanche aveuglante, et ses yeux pratiquement blanc brillaient de mille feus. Moska ferma les yeux et les rouvrit comme si ce spectacle invraisemblable n'était que le fruit de son imagination, mais cette louve était toujours là. Et elle semblait bien réelle. De son apparence, jusqu'à son odeur.

« Tout d'abord, je ne suis la seule et unique invention de ton esprit, Moska. Non, je suis bien réelle, et je m'appelle Astrea. Je ne suis pas, ou plus, de ce monde, ce qui explique mon apparence qui peut te sembler irréelle. Non, en vérité, je suis morte. Et cela depuis bien longtemps. Si je suis ici, c'est pour te parler. »

Inutile de vous préciser que Moska n'en crut pas ses oreilles. Voilà qu'une sorte d'esprit venait de lui adresser la parole. Tu pers la tête, ma pauvre, songea - t - elle avant de se relever, méfiante. Malgré tout, la jeune louve ne se sentait en danger. Non, cette femelle dégageait quelque chose de rassurant. De familier, même. Mais si il y a bien une chose que se demandait la petite louve de la Meute du Nord, c'était qui était cette Astrea. D'où venait - elle. Et pourquoi était - elle ici, si elle était morte ? Mais elle ne lui laissa le temps de poser ses questions puisqu'elle reprit la parole.

« Il y a encore quelques années, j'occupais le grade de Prêtre parmi les loups de la Meute du Nord. Mais à présent, j'ai besoin de quelqu'un pour me seconder. Et tu es l'élue, Moska. Ta meute a besoin de toi. »

La louve au pelage blanc fit un pas en arrière, choquée de ce que venait de lui avouer son ainé. Prêtre ? Mais elle n'était pas prête ! Elle était trop jeune. Affolée, Moska écarquilla les yeux puis se mit à japper bruyamment.

« Non, c'est faux ! Tu mens ! »

Astrea garda son sang froid malgré les accusations de la jeune louve. Elle secoua légèrement la tête puis recula de quelques pas, les yeux rivés sur le sol. Elle semblait presque se désintégrer. Alors que les cieux l'aspirait en silence, Moska bondit vers elle, mais c'était trop tard. Elle avait disparu dans un murmure.

« Ta meute a besoin de toi. »