[PV HIGE] The Devil went down.

Le vent soufflait fort, les rafales faisaient craquer les branches des arbres décharnés et mis à nus, il était tellement puissant que lorsqu'il se répercutait sur vos oreilles, il avait une envie, c'était de vous rendre sourds. La nuit était bien installée, et ce, depuis quelques heures. La lune était cachée par les nuages épais et gris foncés, qui témoignait de la tempête qui allai s'abattre sur eux dans quelques heures. De la pluie, beaucoup de pluie, du sang, et de la déprime. Personne n'aime la pluie, sauf les torturés. Strazsny n'était pas un torturé. C'était lui qui torturait, mais ça, c'était sans importance. Pour l'instant. Il était seul, ses pas étaient lents et il s'amusait à compter le nombre de pas nécessaire pour se rendre de sa cachette au cimetière. Lorsqu'on s'ennuie, on trouve toujours un moyen de régler le problème. Normalement. ça aurait été un bon combat, une prise de bec, la marque de commerce du gros solitaire au pelage tricolore, mais il n'y avait personne. De toute manière, qui venait dans un cimetière?

Il n'y avait que Strazsny pour entrer dans un cimetière en sifflotant des airs de musique celtique ou russe. L'ambiance dans sa tête était trop joyeuse pour le cimetière, ce lieu de décrépitude et de mort. La noirceur des lieux était nettement plus présente, désormais. Sans la lumière de la lune, le loup tricolore n'y voyait pas à deux mètres devant lui. Normalement, cela l'aurait fait hurler de rage et de colère, lui qui devait tout voir et tout connaître avait peine à se retrouver. Heureusement, les nuages gris se dissipèrent et formèrent un trou pile poil où était située la lune. Le vieux loup s'écrasa contre une pierre tombale, calmé, puis entreprit de se laver les pattes. son excursion en forêt lui avait laissé quelques trace de boue et de sang sur les pattes. Ne c'étant pas trouvé de quoi mangé, il avait laissé son estomac parler et avait dévoré le vieux cadavre d'un loup mort depuis belle lurette. Moisi certes, mais toujours bon. De la viande, c'est de la viande, faut pas chercher plus loin.

Son regard gris clair se posa sur l'horizon d'ébène, ses oreilles écoutèrent les bruits ambiants, comme le son des criquet, des arbres qui craquent et des corbeaux qui croassent. Il poussa un petit hurlement sec et vif pour appeler son ami Hoffman, le vautour. L'énorme oiseau se posa sur une pierre tombale derrière lui, et étendit ses ailes. Satisfait, Strazsny poussa un petit rire gras, qu'il coupa net lorsqu'il entendit des bruits de pas au loin. Quelque chose comme une brindille qui craque ou de l'herbe trop sèche qui fendille l'avait tiré de son monde imaginaire. Déjà sur la défensive, le loup tricolore poussa un grognement typique. Sourd, puissant, gras, en roulant les R longtemps.

Il se releva lentement, en relevant les babines aussi rapidement que son corps. Ses dents, parfois tachées de jaune, parfois de rouges, étaient désormais à découvert. Son vautour, conscient de la présence d'un inconnu, s'envola en poussant des croassements stridents, de quoi déstabiliser le loup caché. C'était ça, son pouvoir, à Hoffman, un cris bien strident qui vous vrille les oreilles.

Son vautour vint se poser à nouveau derrière lui, calmé puisqu'il ne voyait plus rien. Le calme était revenu, surement que l'inconnu se cachait. Trop mauviette. Trop furtif. Si c'était un mâle, Strazsny ne prendrait pas cinq minutes pour lui dire qu'il est faible et que sa technique est molle, inutile. Le combat domine avant tout, tout le monde devrait le comprendre. Il se racla la gorge et cracha un peu plus loin, pendant que son regard gris observait les alentours. Le mâle tricolore sentait son odeur, mais ne voyait pas son regard, ne pouvait pas savoir si c'était un combat facile à emporter. Cela le rendait nerveux, en colère, instable. Rien de pire que voir un Strazsny instable.

« S'il y à uné mouche, qu'elle sorrrrte dé son trrrou! J'en ai marrrrre des faiblarrrd. » Dit-il en roulant ses R comme à son habitude.

Hoffman le vautour croassa encore une fois en utilisant son pouvoir de cri strident pour tenter de faire sortir celui qui ne voulait point bouger de sa cachette. Énervé, mais totalement énervé, le grand mâle se leva et renifla l'air. Avec ça, il devrait peut-être réussir à trouver le mâle. Il écrasa son nez noir sur le sol, son regard gris continuant à scruter les horizons. S'il ne sortait pas de son trou, le grand mâle le ferait sortir, et par la force.

Le loup sortit en fin de sa cachette. Il es tout brun, comme s'il s'était roulé dans la boue, et Strazsny le colosse trouvait cette comparaison assez marante. Il éclata d'un rire franc, tonitruant et gras, typique à lui-même, puis son regard vint se poser à nouveau sur le mâle. Le loup tricolore avait le coup bien tendu, droit, sa queue battait l'air furieusement, ses crocs étaient à découvert et ses babines formaient un rictus malsain. Un loup dans un cimetière, quoi de plus normal? C'est sympathique les cimetières, non?

« Nan, nan! Tu né comprrrend rrrien, mauviette! Lé cimétierrrre c'est trrranquille, parrrfait pourrr savourrrer un bon rrrepas! Comme toi... »

Bien que Strazsny ne soit pas cannibale de nature, il disait bien sur cela pour faire peur à son adversaire, bien que celui-ci ne le sache pas. Il poussa un long rot bien dégueulasse à la gueule du mâle brun, puis, d'une manière intimidante, s'approcha du couillu qui lui faisait face. Il leva sa patte avant gauche, de manière à pointer l'inconnu d'une manière assez glauque. Son sourire étirait toujours ses babines.

« Est-ce qué tu sais que venirrrr ici sans prrrotéction, c'est courrrrirrr verrrrs la morrrt? »