Let's wait [Libre]

La vie est faite de départs et d'arrivée. Certains naissent, d'autres meurent. Certains immigrent, d'autres émigrent. Il faut une balance naturelle, un équilibre. Lorsque la tristesse accablait une famille à la mort d'un proche, la joie tombait sur une autre famille recevant le bonheur de la naissance. Tout était fait ainsi, un équilibre.

C'est donc ainsi que je m'étais retrouvée en ces terres : sûrement après la disparition d'un loup. La mort ou le départ, le savoir m'était bien égal. Le résultat était le même, j'étais là. La truffe en l'air, inspectant chaque parcelle de mon nouveau chez-moi, je trottinais tranquillement. Je ne voulais pas manquer le moindre détail. Sortie de la forêt, une grande plaine s'ouvrit à moi. Sa couleur m'enleva un grand soupire de bonheur. Ces couleurs, toutes ces couleurs. C'était magnifique. Je m'arrêtai un instant en haut d'une petite colline, m'offrant ainsi une vision entière de tout l'endroit. C'était vraiment magnifique. Le soleil tapait contre mes flancs, une légère brise faisait virevolter mon poil et la chaleur était agréable.

Mais mon ventre perturba cet instant paisible. Depuis combien de temps n'avais-je pas mangé ? Je ne saurais dire. Je me promenais depuis déjà un bon moment, et mon long voyage ne m'avait pas permis de beaucoup chasser. Je m'étais seulement arrêtée lorsque mon ventre ne me laissait pas avancer plus loin. Mais à présent, ces terres devaient regorger de proies, et j'avais tout le temps devant moi.

C'est donc ainsi que je décidai de partir à la chasse. Je ne savais pas quel genre d'animal abritait cette plaine, mais il devait bien y avoir une espèce pour calmer mon estomac. Je me remis à trottiner. Mes sens se décuplèrent, et ainsi, chaque petit bruit se retrouva analysé. Mon oeil perçant attendait le moindre signe de vie et mes muscles étaient prêts pour la moindre course poursuite. La chasse, c'était mon élément. J'avais toujours été faite pour ça. De mon caractère fort et battant, chaque proie faiblissait devant moi. Et mon pouvoir n'était pas sans m'aider.

Mon oiseau, un loriot d'Europe, m'avertit d'une proie non loin de moi. Toute mon attention se focalisa sur l'endroit indiqué. Un lapin. Je me tapis dans l'herbe haute, tout en continuant ma progression vers l'animal. Une fois assez près, j'attendis encore, cherchant le moment propice. Puis tout se passa vite, un mouvement, le lapin qui détalle, moi courant à sa suite. Voyant que sa connaissance du terrain l'avantageait et que je n'aurais aucune chance de l'attraper normalement, mon pouvoir agit. D'abord sur son postérieur gauche, l'handicapant quelque peu. Je ne voulais pas l'immobiliser tout de suite. J'aimais courir après ma proie. Simplement l'empêcher de bouger serait trop facile. Je gagnai du terrain, mais le lapin disparut sous mon nez. Je me stoppai net et regardai le sol. Une tanière. Je creusai vivement pour tenter de le déterrer, mais c'est que le petit avait été malin. Je ne pourrais pas l'atteindre. Je grognai, frustrée par cette expérience. Je m'assis, ma queue venant doucement s'enrouler autour de mes pattes. J'attendrais.