LIBRE - A la recherche de réponses

Il parait, que cet endroit est habité. Des lupins arrivés dans cette forêt, auraient été transformés en humains. Peut-être, après tout. Pourquoi pas? Mais dans ce cas, que se passerait-il, si l'un d'eux sortait de la "zone humaine"? Redeviendrait-il loup? Ou resterait-il humain jusqu'à ce qu'un canis vienne lui déchiqueter tranquillement la gorge? D'ailleurs, saurait-il se battre contre l'un d'entre nous? Aurait-il ses chances, en tant qu'ancien quadrupède? La curiosité croissante de mon esprit, m'avait menée vers la forêt de l'inconnu. Je voulais savoir, ce que je pourrais bien expérimenter face à des loups se tenant sur une seule et misérable paire de pattes. Le tuerais-je? Probablement. M'en ferais-je un ami? Très peu de chances. Après tout, je suis une tueuse, pas une chienne de salon. Qu'ils aient été loups ou non, ils sont aujourd'hui ce qu'ils sont: nos pires ennemis. Tiens, alors que j'y pense, sont-ils nos ennemis, réellement? Est-ce qu'ils se souviennent de leur vie lupine? Je suppose que pour le savoir, il faut que j'en dégote un.
J'entrais dans la forêt mystérieuse et pleine de curiosités, pour m'enfoncer dans le couvert des bois. Mon pelage clair ne m'aidait pas à me camoufler dans l'ombre des immenses arbres, mais en quatre années de vie j'avais appris à mettre cette clarté à mon avantage. Ainsi, alors que l'ombre n'était pas ma sécurité, les rayons du soleil se reflétaient si bien sur ma robe qu'on ne me percevait pas sous l'astre de jour. Mon air fantomatique et mon regard de cristal, mettait en déroute le moindre danger qui s'approchait de mon être. Et le temps qu'il réalise que j'étais bel et bien vivante et présente, je l'avais éliminé sordidement. Jubilant de sa souffrance.

Morwën avait volé durant tout le trajet, qui avait été plus long que prévu. Je ne l'avais pas entendu de tout le chemin, mais je savais que nous ne risquions rien. Au moindre danger, il aurait lancé un de ses cris perçants et j'aurais été à l'affût du moindre mouvement, pour éradiquer la moindre gêne qui se serait présentée.
Finalement, il vint se poser au sol, à mes côtés. Son regard vif et intelligent me scruta et je vis son bec s'entrouvrir.

- N'essaie même pas, vil volatile.

Ma voix grave le mit immédiatement en garde de ne pas hurler à mes oreilles sensibles. En effet, si sa voix portait aisément jusqu'à moi lorsqu'il était dans les airs, il était aussi capable de me rendre sourde en chantant vivement à mes côtés.
Je vis alors son bec s'étirer en un ridicule semblant de sourire, et je savais qu'il me taquinait. Mais ses blagues étaient douloureuses, aussi préférais-je qu'il garde son sérieux. Je penchais ma tête vers l’avant et approchais mon énorme museau de sa minuscule tête, puis trempais son plumage d’un puissant et affectueux coup de langue. Je le regardais ensuite s’ébrouer et aérer son plumage, et nos têtes se collèrent l’une à l’autre dans une étreinte affective. Il n’y a pas de doute, je l’aime mon pigeon ! Tiens, tant que j’y pense. Ah vous, qui pourriez croiser un faucon une fois dans votre vie, je vous déconseille amicalement de ne jamais employer un terme péjoratif pour le dénommer. Si je me permets d’appeler Morwën pigeon, il ne réagira pas. Parce que c’est moi. Mais essayez donc d’en faire de même, et ce avec n’importe quel faucon. Le mien est cruel, aussi vous crèvera-t-il les yeux avant de vous les faire avaler, puis il s’engouffrera de force dans votre gorge et vous décharnera de l’intérieur. Mais je sais que même si les faucons « sauvages » ne sont pas aussi sadiques, ils vous feront payer cher un tel affront. Le faucon, de quelque espèce qu’il soit, est fier et vaniteux. Flattez-le mais sans exagérations, et il vous donnera quelque chose d’intéressant. En revanche, prudence est de mise, car le faucon est intelligent et ne se laissera pas berner facilement. Par contre, le moindre faux pas que vous ferez sera enregistré à vie dans sa spectaculaire mémoire, tout comme votre visage, et vous serez à jamais la risée de cet être formidable.
M’enfin. Assez de parlotte. Revenons-en à notre promenade et nos découvertes. A l’instar d’Epervier et Alucard, Morwën vint se poser en un minuscule battement d’ailes, sur mon épaule gauche. Pas la droite, simplement pour dire qu’il ne faisait pas vraiment comme Epervier. Quand je vous dis que le faucon est fier ! Bref ! Ses serres enserrées suffisamment pour avoir un équilibre, et pas assez pour me blesser, lui permirent de prendre confortablement place sur mon omoplate gauche. Je lui donnais un léger coup de tête en signe de caresse et il me le rendit, puis nous partîmes vers notre objectif ultime : l’expérience macabre de tuer un lupin-humain. Je voulais vraiment savoir, ce qui se passerait. Trop de questions à ce propos hantaient mon esprit pour que je me permette de les ignorer et de continuer à vivre sans y répondre.
Autre chose, je suis une bonne traqueuse. Alors toi, inconnu qui me suis depuis peu, présentes-toi vite, avant que je ne m'agace de ta présence cachée et que je t"étripe sans te prévenir de mes intentions. C'est un conseil amical, bien entendu. Au cas où tu tiendrais à la vie. Au moins, te voilà prévenu. A présent choisis ton destin, inconnu. Mais choisis-le bien.